Jardins d’hier et d’aujourd’hui

Des serres de Marie Blanc jusqu’aux essences de la Petite Afrique aujourd’hui, les jardins de la Société des Bains de Mer témoignent des développements de Monte-Carlo au fil des années.

En 1882, on voit déjà les deux allées centrales aménagées vers le Casino et les espèces tropicales des Jardins de la Petite Afrique.

Tout commence en 1863, avec l’inauguration du Casino de Monte-Carlo sur le rocher des Spélugues, juste avant l’arrivée de François Blanc, fondateur du resort. En plus des jardins de l’établissement de jeu, son épouse Marie Blanc va alors avoir l’idée de créer un ensemble de serres. Tandis qu’au sommet des jardins du Casino, la propriété Sigaldi est transformée en jardin anglais, ce sont un peu plus haut les étables et locaux de la vacherie et la laiterie qui animent le pays. Vers l’Eglise Saint-Charles, sur la propriété du Carnier, se déploient des pépinières, alors qu’à la propriété de la Tour, au-dessus du quartier des Moulins, s’épanouissent les cultures potagères. De sorte qu’on produit alors en abondance fruits et légumes, et que les clients de l’Hôtel de Paris apprécient le lait et les œufs fournis par la « Ferme de Monte-Carlo ». Une époque dont on perpétue la tradition aujourd’hui au Monte-Carlo Bay, où le chef doublement étoilé Marcel Ravin a développé, en partenariat avec Terrae, son propre potager et cuisine ces trésors locaux de saison pour le Blue Bay.

C’est sur le rocher des Spélugues qu’a été édifié le Casino de Monte-Carlo, visible ici en 1870.

En déclivité naturelle jusqu’au grand bassin
Après la disparition de son époux, Marie Blanc va apporter sa touche finale à Monte-Carlo – traduisez Mont Charles, sachant que la colline doit son nom à Charles III de Monaco. Dans ces jardins où régnaient en désordre citronniers et caroubiers, elle fait appel à l’horticulteur belge Jean-Jules Linden et à l’architecte paysagiste Edouard André, très inspirés par l’état d’esprit qui régnait alors sur la Côte d’Azur. A cette période, la région était vue en effet comme un pays très chaud qu’on ne pouvait habiter que l’hiver, et dont la flore ardente et tropicale devait donner l’impression d’un éternel printemps. Une mode qui va façonner tout le paysage des jardins azuréens et qui va se traduire à Monte-Carlo par un ambitieux projet. En remplacement de l’ancienne allée centrale, deux avenues sont tracées pour mener au Casino, entre lesquelles vont s’épanouir les « Boulingrins » – mot provenant de Bowling green. Et c’est de part et d’autre de ces jardins aux massifs de fleurs réguliers que vont naître des espaces verts mariant les grandes lignes des jardins à la française avec des chutes d’eau, ruisseaux et bassins, et imprégnés d’une note exotique. Une ambiance que l’on retrouve encore désormais dans les « Jardins de la Petite Afrique ». Parmi les espèces remarquables, ne manquez pas le Brachychiton x hybridus, le pin de Wollemi et l’arbre de Noël de Nouvelle-Zélande, qui à eux seuls valent le détour.

Jardin des Boulingrins : Les plus belles espèces bordent désormais One Monte-Carlo. On y retrouve une végétation luxuriante.

Espèces rares ou remarquables à préserver
Si Marie Blanc a fait poser la structure globale des jardins du Casino de Monte-Carlo, leur évolution est intimement liée à la vie du resort. C’est ainsi que sous les jardins des Boulingrins, un parking souterrain de cinq niveaux a été aménagé. L’espace, qui avait à l’origine une fonction de décor, a été repensé pour offrir aux visiteurs une promenade agrémentée de bassins et descendant en terrasses vers le temple du jeu monégasque. La métamorphose du cœur de Monte-Carlo, avec la destruction du Sporting d’Hiver et la restructuration de l’Hôtel de Paris, a conduit un temps à l’installation d’une promenade shopping très prisée dans les jardins, jusqu’à l’inauguration de One Monte-Carlo. Passée cette période, les plantes historiques ont retrouvé leur emplacement ou presque, et bordent désormais les espaces réinventés de façon contemporaine par l›architecte paysagiste Michel Desvigne. Dans une ville tournée vers l’événementiel, les jardins servent d’écrin à des expositions de sculptures, d’automobiles, défilés de mode ou aux tribunes du Grand Prix de F1. Aujourd’hui, ce sont ainsi treize agents qui veillent à leur bonne tenue, la préservation et l’enrichissement du patrimoine vert s’inscrivant dans une optique de développement durable.