Monte-Carlo Beach

« On vivait un rêve, les pieds dans l’eau »

Symbole de l’essor du tourisme balnéaire dans les années 1930, l’établissement du bord de mer a aussi ses habitués, à l’image de René Croesi, qui aiment à raconter son histoire, ses stars et légendes.

2022 – Le Monte-Carlo Beach aujourd’hui.

« Dans les années 1920, la Société des Bains de Mer a vite compris que si les Anglais et les Russes venaient à Monaco pour la danse, l’opéra et les jeux, et que la saison allait globalement de Noël à Pâques, il allait falloir proposer quelque chose l’été sinon la clientèle préférerait d’autres destinations. C’est ainsi qu’en 1928 le Monte-Carlo Beach a été inauguré, sachant que sa piscine olympique d’eau de mer est encore aujourd’hui la plus grande de la Côte d’Azur », s’enthousiasme René Croesi, ancien directeur artistique et administratif de l›Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. Lui a connu cet établissement balnéaire dans les années 1960 à l’époque où allait en classe avec Anne Grinda, la fille du directeur.

1975 – Le Prince Louis de Polignac.

“He wanted young people to come to the Beach, so he welcomed us in and we were a happy bunch of kids. We knew how lucky we were to be there with all those celebrities,” recalls the music lover. The first among these were obviously columnist and social event organiser Elsa Maxwell, who brought in a stream of Hollywood stars, and Gabrielle “Coco” Chanel. “More recently, Karl Lagerfeld would come down from his palatial villa for a swim, and Princess Grace would bring her children for a dip in the water, accompanied by friends such as David Niven, who lived nearby in St-Jean-Cap-Ferrat,” continues René Croesi. “Back then, when people wanted to sunbathe, guests had to carry an air mattress onto the beach. One day, as Prince Rainier III was returning by helicopter from his villa on Mont Agel, he thought that this didn’t look aesthetically pleasing for an elegant establishment, and that it looked like a morgue. So he asked his cousin Prince Louis de Polignac, president of the Société des Bains de Mer, to have them replaced with daybeds.”

Danièle Garcelon, la directrice du Monte-Carlo Beach,

 Il voulait qu’il y ait des jeunes au Beach, alors il nous accueillait et nous étions une joyeuse bande. On mesurait la chance qu’on avait d’être là, avec toutes ces célébrités », se souvient ce mélomane. Parmi elles, évidemment, les premières : la chroniqueuse et organisatrice de soirées mondaines Elsa Maxwell, qui fit affluer les vedettes de Hollywood, et Gabrielle Chanel, de son petit nom Coco. « Dans les années plus proches, Karl Lagerfeld descendait de sa villa-palais pour nager, la Princesse Grace amenait ses enfants se baigner et venait avec des amis comme David Niven, qui habitait à Saint-Jean-Cap-Ferrat à côté », poursuit René Croesi. « A l’époque, quand on voulait prendre le soleil, on faisait porter un matelas sur la plage aux clients. Or un jour, le Prince Rainier III revenait en hélicoptère de sa villa du mont Agel et il a trouvé que ce n’était pas esthétique pour un lieu chic, que cela ressemblait à une morgue. Il a alors demandé à son cousin le Prince Louis de Polignac, président de la Société des Bains de Mer, de les faire remplacer par des lits de repos ».

Légende des années trente, le Monte-Carlo Beach a continué d’évoluer pour être en phase avec la modernité. Aujourd’hui, son restaurant à la cuisine éco-engagée porte le prénom Elsa, tandis que son lounge et restaurant La Vigie, qui s’anime autour de DJ lives, fait écho au souvenir de Lagerfeld. Imaginé au départ par l’architecte Roger Séassal, l’établissement s’est aussi paré de formes et couleurs plus contemporaines dès 2009 avec l’architecte, scénographe et designeuse India Mahdavi. « Avant – comme à présent – il fallait réserver à l’avance ou avoir de la chance pour obtenir l’une des tentes en bord de mer ; aujourd’hui, il y en a 170 sur tout le Club, ce qui est fort appréciable » Si tout s’est démocratisé, et qu’on ne porte plus obligatoirement de cravate quand on va au Casino de Monte-Carlo ou à l’Hôtel de Paris, Danièle Garcelon, la directrice du Monte-Carlo Beach, et Frédérick Thiébaut, directeur du Beach Club, veillent également à renouveler ce lieu magique dont l’hôtel est classé Relais & Châteaux », conclut ce Monégasque, heureux d’avoir retrouvé récemment des galets sur la plage de cette icône des années 1930.

1966 – Les célèbres tentes de la plage privée du Monte-Carlo Beach.

By Eve Chatelet